On ne parle pas ici d’une chirurgie d’un jour!

Peu d’entre nous demeurent insensibles à la tragédie de décès inutiles liés au COVIDE-19 dans les établissements de soins de longue durée qui ont particulièrement touché le Québec et l’Ontario au cours des dernières semaines. Cette tragédie était évitable. Les Canadiens qui ont et qui ont eu un être cher dans un établissement de soins de longue durée savent que le système a besoin d’une rénovation majeure.

Atul Gawande dans son livre Being Mortal: Medicine and What Matters in the End nous rappelle que les modèles occidentaux de la médecine sont à la base de souffrances inexplicables dans ces institutions de soins de longue durée pour les ainés fragiles pour qui ces mêmes institutions ont été conçues.

J’espère que cette crise nous amènera à exiger des solutions durables à ce problème. Mais comment devrions-nous définir le problème au départ ?

Importe-t-il si l’organisme prestateur de soins de longue durée soit une entreprise à but lucratif, un organisme sans but lucratif ou un organisme public ?

La responsabilité de cette crise incombe-t-elle aux faibles cadres réglementaires provinciaux et territoriaux et aux problèmes de gouvernance à l’échelle du système ?

Oui, ces facteurs jouent certes dans le jeu. Et, oui, nous avons besoin de changements urgents à la gouvernance et à la réglementation à l’échelle du système. Mais, sans des investissements majeurs soutenus, le problème ne sera pas résolu.

Sans plus de financement, il ne sera pas possible d’offrir des salaires adéquats aux professionnelles et professionnels de ces établissements et de doter ces établissements de façon à bien répondre aux besoins des résidents. De plus, des investissements majeurs dans les infrastructures sont nécessaires pour répondre aux besoins d’isolement, pour permettre un meilleur respect de la vie privée, et aussi pour permettre aux conjoints qui nécessitent des soins de différents niveaux de vivre sous un même toit.

J’ai été inspiré par une entrevue radiophonique de la SRC le 27 avril avec Colleen Flood du Centre de droit, politique et éthique de la santé de l’Université d’Ottawa. Elle a discuté du modèle scandinave d’un régime d’assurance obligatoire pour les soins de longue durée qui offre un bon niveau de financement de base à tous ceux qui ont besoin de soins à domicile ou en établissement. Un tel régime distinct d’assurance publique obligatoire garantirait que les ressources qui y seraient investies ne seraient pas confondues avec les recettes fiscales consolidées des gouvernements. De plus, le cloisonnement des ressources pourrait favoriser l’attrait d’une telle approche.

J’espère que cette crise nous incitera à rêver grand dans la refonte d’un système de soins de longue durée en débâcle.